Un sens du devoir et des responsabilités sans équivoque
La section des Îles Caïmans de la Croix‑Rouge britannique est reconnue aux Caraïbes comme étant une organisation petite mais efficace. Elle est composée de sept employés et de 250 bénévoles. L’engagement et le dévouement de ces personnes font de la section des Îles Caïmans une force redoutable. Tout cela est possible grâce au leadership de la directrice, Jondo Obi.
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Lorsque Jondo commença son œuvre en 2003, cette section était minuscule. Elle ne comptait que deux employés à temps plein, deux autres à temps partiel et une trentaine de bénévoles. « C’était une section très différente, se rappelle-t-elle. À l’époque, la moitié des employés était salariée et l’autre moitié était payée à la commission. Il n’y avait aucun doute que cette structure laissait à désirer. Il fallait la changer pour que la section puisse grandir. »

« Un nouveau chapitre de la Croix‑Rouge aux Îles Caïmans »

– Jondo Obi, les îles Caïmans

Jondo, jeune mère de deux enfants, venait tout juste d’arriver sur l’île. Elle devait s’y établir, concilier son rôle de mère et son travail, et aider la Croix-Rouge à mieux servir sa nouvelle communauté. Autrement dit, elle avait du pain sur la planche. Elle s’est vite rendu compte que les membres du personnel et elle avaient hérité d’une organisation qui avait perdu sa pertinence aux yeux de la population et qui devait réparer les erreurs de son passé. « En essayant d’aborder les gens et de recruter des bénévoles, nous avons très rapidement constaté que nous avions un problème de crédibilité, explique la directrice adjointe Carolina Ferreira. Les gens disaient que nous refusions l’aide des bénévoles et que nous leur disions que nous n’avions pas besoin d’eux. C’était un problème grave, puisque les bénévoles sont le plus important pilier du Mouvement. Il fallait agir rapidement, et cela voulait dire que nous devions entre autres présenter des excuses pour ce qui s’était produit, même si nous n’étions pas là à ce moment. C’était le prix à payer : accepter ce degré de responsabilité comme point de départ pour transformer l’organisation à notre image. »

Nos efforts de réconciliation avec la communauté commençaient à porter leurs fruits lorsque, le 12 septembre 2004, l’ouragan de catégorie 5 Ivan dévasta les Îles Caïmans et ravagea plus de 85 % de la superficie de Grand Caïman. Les infrastructures étaient en ruine, le réseau d’approvisionnement en nourriture et en matériel était paralysé, et des milliers de familles se retrouvaient démunies.

Que la tempête cause autant de dégâts était tout à fait inattendu, souligne Carolina. Les enfants de Jondo étant encore très jeunes, elle et son mari décidèrent qu’il resterait à la maison pour prendre soin des deux garçons pendant qu’elle travaillerait au centre d’hébergement de la Croix‑Rouge. Nous étions capables de communiquer par messagerie texte pendant une bonne partie de la tempête avant que la communication soit interrompue. Il a fallu rester au centre du samedi matin jusqu’au lundi après-midi. Lorsque nous sommes ressortis, les lieux étaient méconnaissables. »

« Jondo savait que la meilleure chose à faire pour ses enfants était d’aider le pays à se remettre sur pied »

– Jondo Obi, les îles Caïmans

Au plus fort de la tempête, le mari de Jondo et leurs deux enfants durent évacuer leur maison, dont le toit fut arraché par le vent, pour se réfugier chez un voisin. « En sortant du centre d’hébergement, nous sommes allés directement chez elle. Elle a vérifié que sa famille allait bien, constaté les dégâts, serré ses enfants dans ses bras et repris la route jusqu’au centre, se souvient Carolina. Ce n’est qu’en devenant mère en 2012 que la pleine mesure de son courage m’a frappée. Je peux à peine m’imaginer à quel point cela a dû être difficile pour elle d’être séparée de sa famille, sans savoir s’ils allaient bien, puis de les quitter à nouveau pour retourner travailler après une expérience si traumatisante. Mais elle ne s’est jamais plainte. Non pas parce qu’elle croyait à tort qu’elle devait être stoïque et cacher ses émotions, mais parce qu’elle était animée par un sens du devoir et des responsabilités sans équivoque : elle savait que la meilleure chose à faire pour ses enfants était d’aider le pays à se remettre sur pied le plus rapidement possible. »
L’ouragan Ivan serait un moment charnière pour l’organisation, et Jondo profita du regain de crédibilité pour ouvrir un nouveau chapitre de la Croix‑Rouge aux Îles Caïmans.

Jondo commença à militer pour que les sections outremer et la section aux Îles Caïmans s’impliquent davantage aux rencontres régionales et aux occasions de formation continue. Elle fit venir la formation Idéaux en action à Caïman pour aider les bénévoles à bien comprendre le Mouvement et pour réorienter les pratiques et les politiques de la section afin qu’elles reflètent à nouveau les sept Principes fondamentaux. Ces efforts menèrent à diverses initiatives, comme le programme de formation et d’encadrement des bénévoles de la Croix‑Rouge, et au lancement à Caïman d’une campagne régionale pour promouvoir le port du condom, du jamais vu aux Caraïbes à l’époque.

Quant à elle, Jondo continua de perfectionner son style de leadership, lequel consistait à permettre aux membres de son équipe de prendre les devants pour faire grandir l’organisation en les encourageant à revoir les façons de faire pour mieux servir les personnes les plus vulnérables. Ce qui distingue la section des Îles Caïmans, c’est sa capacité à reconnaître et à cultiver les forces de chacun ainsi que les efforts qu’elle déploie pour créer un milieu de travail harmonieux, joyeux et familial.

« J'ai beaucoup de chance d’habiter dans ce coin de paradis qu’est Caïman, reconnaît Jondo. Nous sommes privilégiés ici. La moindre des choses, c’est de faire notre petite part pour prendre soin de l’environnement, responsabiliser les gens, améliorer notre sort et renforcer la résilience de la population. Que je puisse le faire au sein du Mouvement de la Croix‑Rouge, ce n’est que la cerise sur le gâteau. »

Jondo Obi

les îles Caïmans, 2003

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Entre 1990 et 2017, seulement 2 pour cent des médiateurs, 8 pour cent des négociateurs et 5 pour cent des témoins et des signataires des grands processus de paix étaient des femmes.

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