Comme beaucoup de Canadiennes et de Canadiens, les premières expériences d’Ann Clancy avec la Croix-Rouge remontent à son enfance, alors qu’elle suivait des cours de natation. Ses parents exposaient fièrement ses écussons à la maison. En 2003, après avoir été monitrice de secourisme et bénévole pendant plusieurs années au cours desquelles elle a pu mesurer l’étendue du travail accompli par les employé(e)s et les bénévoles de la Croix-Rouge, Ann a quitté le poste à temps plein qu’elle occupait au sein d’une autre organisation pour remplacer la directrice des ressources humaines de la Zone de l’Ontario pendant son congé de maternité d’un an. Elle espérait ainsi apporter autrement sa contribution à la Croix-Rouge canadienne.
– Ann Clancy, Canada”Plus de 18 années ont passé, et je n’ai jamais regretté ma décision”
Bien qu’Ann ait participé à plusieurs missions de la Croix-Rouge canadienne dans divers rôles, sa contribution aux opérations de la CRC menées en Indonésie et au Sri Lanka à la fin de 2005 et au début de 2006 à la suite des tsunamis en Asie revêt pour elle une importance particulière. Dans le cadre de cette mission, Ann était déléguée régionale responsable des ressources humaines. Elle n’oubliera jamais qu’elle s’est tenue aux côtés du personnel local rassemblé près des fosses communes au premier anniversaire du passage du tsunami, une tragédie qui a coûté la vie à plus de 200 000 personnes. Elle a également eu le privilège d’entendre les témoignages des proches de disparu(e)s, d’apprendre à les connaître et de célébrer la résilience d’une population qui cherche à se reconstruire.
D’abord bénévole pour la Croix-Rouge canadienne, Ann est devenue monitrice de secourisme, puis directrice des ressources humaines à l’échelle provinciale et nationale pour enfin rejoindre la haute direction de l’organisation. Au fil des ans, elle a ainsi démontré qu’il est possible d’évoluer au sein d’une organisation et d’assumer des rôles de gestion tout en misant sur l’intelligence émotionnelle et en demeurant fidèle aux valeurs qui lui sont chères : le respect, l’inclusion, l’humanité et la collaboration.
« La Croix-Rouge est universelle. En travaillant à la Croix‑Rouge, on devient le témoin du meilleur de l’humanité, même lorsqu’une tragédie survient. Collaborer avec les employé(e)s et les bénévoles qui donnent toujours le meilleur d’eux-mêmes, ne comptent pas leurs heures et sacrifient souvent le temps qu’ils pourraient passer avec leur propre famille, c’est inspirant », affirme-t-elle.
Dans son parcours, Ann n’a cessé de défendre les intérêts des bénéficiaires de la Croix-Rouge canadienne et ceux de son personnel qui contribue chaque jour à la poursuite de la mission de l’organisation. Ce faisant, elle est elle-même devenue une inspiration pour les femmes qui l’entourent. Désirant plus que tout favoriser la diversité, l’inclusion et le sentiment d’appartenance, elle veille à ce que l’organisation en fasse aussi une priorité.
Ann est convaincue qu’il est essentiel d’intégrer plus de femmes dans les postes de direction et de favoriser la diversité au sein du Mouvement. Les directions des organisations doivent compter plus de femmes et de personnes issues de groupes sous-représentés. Les femmes sont souvent surreprésentées parmi les employé(e)s, les bénévoles et même les bénéficiaires de la Croix‑Rouge. Favoriser leur accès à des postes de direction permettrait de refléter cette grande présence des femmes et de mieux comprendre leur réalité. En effet, le style de gestion des femmes est souvent différent de celui des hommes et il est essentiel d’épouser une variété de points de vue et d’approches pour prendre des décisions éclairées.
En tant que membre de la haute direction, Ann est bien placée pour comprendre les défis auxquels font face les femmes qui accèdent à de tels postes. En effet, les hommes demeurent majoritaires au sein de nombreuses équipes de direction. À ce sujet, Ann aimerait dire aux femmes leaders de ne pas hésiter à dénoncer les comportements inappropriés tout en exerçant une influence positive. Les femmes ont tendance à se sous-estimer, à se dénigrer et à se sentir incompétentes, alors qu’elles détiennent pourtant toutes les qualités requises pour bien faire leur travail. Dans le cadre de leurs fonctions, les membres de la haute direction ne cessent jamais d’apprendre. Ainsi, nous devons cesser de vouloir tout faire à la perfection, du premier coup.
– Ann Clancy, Canada”J’aimerais que les jeunes femmes puissent se projeter dans des postes de direction”
Pour ce faire, les femmes qui occupent actuellement des postes de direction doivent avoir l’occasion de voir le potentiel de ces jeunes femmes et d’agir comme mentors auprès d’elles. Ann estime que la plus grande force du réseau GLOW Red est de permettre à des femmes d’être soutenues par leurs homologues. Pouvant réaliser leur plein potentiel, elles gagnent en confiance, ce qui leur permet d’ouvrir leurs horizons.
Quels sont ses souhaits les plus chers?
- Que les femmes se sentent suffisamment en confiance pour soumettre leur candidature à des postes de direction, même lorsqu’elles estiment ne pas être tout à fait prêtes à relever ce genre de défi;
- Qu’elles puissent évoluer au sein d’environnements sûrs qui leur permettent d’apprendre, d’évoluer et de se perfectionner, mais aussi de commettre des erreurs;
- Qu’il soit reconnu que les dirigeantes ont accédé aux postes qu’elles occupent en raison de leurs compétences et qu’elles ont énormément à offrir;
- Et surtout, que les femmes soient appuyées dans leurs démarches et qu’elles évoluent dans un environnement où il est non seulement possible, mais aussi valorisé d’occuper un poste de direction tout en ayant une vie familiale et personnelle florissante.
Les dirigeantes d’aujourd’hui doivent soutenir les prochaines générations de femmes qui occuperont des postes de direction et, à la Croix-Rouge canadienne, Ann leur ouvre la voie.
Il faudra encore 118 ans pour combler le fossé entre hommes et femmes dans le monde.