Des nombreux cas où elle est intervenue, Shamshura Lyudmila Grigoriyevna se souvient encore clairement de celui d’un garçon vivant dans un orphelinat de la région de Djamboul. Le personnel de l’orphelinat leur avait téléphoné, à elle et ses collègues, pour leur demander s’ils pouvaient l’aider à retrouver le père du garçon. Tout ce que l’on savait, c’était que l’homme habitait en Allemagne. Le Croissant-Rouge a envoyé une demande au pays en espérant que ce serait suffisant. La réponse est arrivée plus vite que prévu sous la forme d’une lettre et d’un certificat de décès. Le père était décédé, mais l’oncle et la tante du garçon souhaitaient le prendre sous leur aile. Une demande de visa a été envoyée à l’ambassade allemande, laquelle semblait peu encline à l’accorder. Heureusement, la demande a été acceptée grâce à l’appui de la Croix-Rouge allemande. Un an après l’appel initial de l’orphelinat, le garçon montait à bord d’un avion à destination de son nouveau foyer. Des années plus tard, cette histoire est revenue à l’esprit de Lyudmila Grigoriyevna lorsque le garçon, devenu un homme, a raconté son expérience à la télévision et a remercié le Croissant-Rouge de lui être venu en aide. Aujourd’hui, cet homme vie en Allemagne.
– Shamshura Lyudmila Grigoriyevna, Kazakhstan« Comment ces gens parvenaient-ils à surmonter ces épreuves? Je me le demande encore »
Pendant des années, le Croissant-Rouge du Kazakhstan a joué un rôle essentiel dans la réunification des familles déchirées par les guerres en Afghanistan, en Croatie et en Abkhazie. Cette période a profondément touché Lyudmila Grigoriyevna. Pour ces familles déchirées, le seul moyen de communiquer entre les frontières était de passer par les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Cette femme est l’une des héroïnes qui ont servi d’intermédiaire pour ces familles. « En voyant ces lettres arriver, on ne pouvait que verses des larmes. Comment ces gens parvenaient-ils à surmonter ces épreuves? Je me le demande encore », raconte-t-elle.
Pour Lyudmila Grigoriyevna, il n’y a aucun doute que son expérience de femme a grandement influencé sa perception de son travail. En puisant dans sa nature, elle est parvenue à regarder les gens dans le besoin à travers des yeux de mère, de fille et de sœur. Son instinct maternel l’a empêchée de tomber dans l’indifférence. Même après des années passées à réunir des familles, elle est toujours aussi sensible à la séparation, l’incertitude et le désespoir qu’elles ressentent.
Lyudmila Grigoriyevna a pris sa retraite de la Croix-Rouge en décembre 2018. Durant ses dernières années de service, elle a occupé le poste de coordinatrice du Programme de rétablissement des liens familiaux au service de la coopération internationale. Elle invite les jeunes femmes au sein du Mouvement à venir en aide aux gens inconditionnellement. Son vœu est à la fois simple et sincère : chérir les familles et prendre soin de l’humanité.
« Les femmes de Castiglione ont pris soin des soldats blessés de Solférino et pansé leurs blessures, mais aucune femme n’a assisté à la naissance de la Croix-Rouge quatre ans plus tard. Aujourd’hui, les femmes continuent de prendre soin des blessés et de panser leurs blessures. Mais participent-elles à la prise de décisions? »