Une vie pour la Croix-Rouge
Alice Favre incarne véritablement la Croix-Rouge en Romandie durant près de trois décennies. Première femme à accéder à de telles fonctions dirigeantes en Suisse, elle n’est pas seulement une pionnière, mais fait aussi figure de visionnaire.
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Née dans une vieille famille de la grande bourgeoisie protestante et libérale genevoise, Alice Favre grandit dans un milieu social et culturel imprégné de mécénat et de philanthropie. Son père Edmond, homme d’affaires et député du Grand Conseil genevois, est l’un des premiers membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). A treize ans, grâce à la position privilégiée de sa famille, elle vit de l’intérieur la signature de la première Convention de Genève en août 1864. Cet événement historique lui laisse un souvenir impérissable. 

Dès ses débuts, la diffusion dans le monde de l’œuvre d’Henry Dunant doit beaucoup au soutien des femmes. A Genève, c’est à l’initiative d’Alice Favre – et de deux autres philanthropes – qu’un comité de Dames se constitue en 1889, deux ans avant la fondation de la Société des Messieurs de la Croix-Rouge. Indépendante et vive d’esprit, elle est reconnue pour ses qualités de cœur et son engagement pour la cause féminine.

”J’ai été féministe avant la lettre”

– Alice Favre, Suisse

Déjouant les préjugés de son temps, rompant avec les conventions de son milieu, elle s’affiche comme membre de l’Association genevoise pour le Suffrage, et fait entrer les Dames de la Croix-Rouge genevoise au sein de l’Alliance nationale des Sociétés féminines suisses.

Au cours de ses mandats successifs à la tête des différentes organisations Croix-Rouge, Alice Favre n’a de cesse de défendre la cause de la santé publique, tant un niveau cantonal que fédéral : lutte contre les maladies infectieuses, soutien à l’activité samaritaine et mise en place des cours de soins aux malades. En parallèle, elle s’efforce de promouvoir le statut des infirmières, en soutenant la création à Genève du home pour infirmières, puis d’un dispensaire d’hygiène sociale. D’abord secrétaire de la Société des dames de la Croix-Rouge, elle en devient la présidente en 1898, au moment où le nouveau secrétaire central de la CRS, Walther Sahli, jette les bases de la formation professionnelle en soins infirmiers. A ses côtés, elle joue un rôle décisif pour consolider le rôle de la Croix-Rouge en temps de paix.

”Je voudrais que la Croix-Rouge cherchât de plus en plus non pas seulement à guérir les plaies, mais à les prévenir”

– Alice Favre, Suisse

L’année 1914, date du déclenchement de la Première Guerre mondiale, voit l’élection d’Alice Favre à la présidence de la Section genevoise de la CRS – fondée à la suite de la fusion entre les Sociétés des Dames et des Messieurs. Première femme à diriger une section cantonale de la CRS, elle reste en poste jusqu’en 1920. Placée sous le signe de l’aide aux victimes de la guerre, sa présidence laisse l’image d’une femme d’action extrêmement dévouée, ayant contribué à faire rayonner la place humanitaire genevoise dans le monde.

Portée à la direction de la CRS en 1919, Alice Favre apparaît une nouvelle fois, à 68 ans, comme une pionnière à cet échelon. Sa nomination, qui tombe le même jour que celle de Carl Bohny à la tête de la CRS – avec lequel elle collabora étroitement durant toute la période de la guerre – peut être vue comme une sorte de consécration. Représentante de la CRS hors des frontières helvétiques, elle participe aussi aux Conférences internationales de la Croix-Rouge de Saint-Pétersbourg en 1902 et de Washington en 1912 en tant que déléguée. Finalement, devant mettre un terme à son mandat en 1923 à cause d’une maladie invalidante, elle s’éteint le 3 février 1929 à Genève.

Alice Favre

Suisse, 1889

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Les négociations de paix auxquelles participent les femmes ont 35 % plus de chances d’entraîner des résultats positifs.

– Council of Foreign Relations (CFR)

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